Je vous invite à découvrir ci-dessous un article que j'ai écrit et qui a été publié au mois de juin 2020  dans le magazine numérique femmeactuelle.fr 

 

Je vous remercie pour votre lecture et intérêt.

Dr Georgescu

 

 

L’aboulie se caractérise par une perte de motivation et de volonté. Des gestes quotidiens et simples deviennent de véritables épreuves pour les individus qui en souffrent. Peu connue du grand public, l’aboulie est souvent définie comme un trouble psychiatrique. Pourtant, l’aboulie n’est qu’un symptôme rencontré dans de nombreuses conditions cliniques. 

 

 

Qu’est-ce que l’aboulie :

 

Dans l'étymologie grecque, le mot aboulie symbolise une absence totale de volonté. "Ce symptôme correspond à une paralysie psychique voire psychomotrice de l’individu qui altère de manière significative son fonctionnement global. L aboulie est la manifestation extrême de l’atteinte des fonctions psychologiques volitivo-motivationnelles. »

Tandis que l hypoboulie correspond à une diminution de la volonté, étant un symptôme plus insidieux, néanmoins pernicieux et qui est rencontré plus fréquemment dans la vie de nombreux personnes ” explique le docteur Georgescu.

 

Souvent comparée à la procrastination ou à l’apathie, l’aboulie est pourtant bien différente. La procrastination caractérise une tendance à tout repousser au lendemain.

L’apathie est définie par un manque d’intérêt et/ou d’envie pour les expériences et les actions de la vie qui s’apparente plus à l’atteinte de la composante motivationnelle, tandis que l’aboulie représente l’incapacité – vécue douloureusement par la personne – à mobiliser sa volonté.

 

Lorsqu’un individu est aboulique, il est dans l’incapacité à réaliser la moindre action de la vie quotidienne (se lever, prendre une douche, préparer un repas, écrire ou envoyer une lettre, etc) De la même manière, l’habilité à prendre des initiatives et celle à faire des choix seront également abolies.

L’aboulie s’avère donc à la fois envahissante et handicapante. “Plus ce symptôme est intense, plus la personne aura des difficultés à mobiliser ses capacités intellectuelles, émotionnelles et physiques pour appliquer les conseils lui permettant de s en sortir” ajoute la psychiatre.

Par ailleurs, les difficultés – vécues péniblement par la personne – à la mise en pratique des conseils psychothérapiques et pratiques lors d’une thérapie est souvent un indice diagnostique de l’aboulie, qui va permettre d’agir efficacement contre cette « plaie de l’âme ».

 

Aboulie : quelles en sont les causes?

 

Plusieurs conditions peuvent entraîner l’apparition de ce symptôme.

Les pathologies psychiatriques comme la dépression, l’anxiété, les addictions, certaines formes de psychose peuvent causer – parmi d’autres nombreux symptômes – la perte totales de la volonté.

 

L’aboulie est l’un des signes phares des formes sévères (mélancoliformes) de dépression, mais aussi de certaines formes de schizophrénie.

 

La fatigue chronique, le burn-out, le syndrome de stress post-traumatique peuvent entraîner un syndrome dépressif sévère avec parmi les symptômes les plus handicapants l’incapacité de mobilisation de la volonté.

Il est important de noter que l’aboulie et le manque de motivation sont liés à un déficit ou à une dysrégulation de certains neuromédiateurs (sérotonine, noradrénaline) mais en particulier de la Dopamine, neurotransmetteur de la motivation à grande implication dans les circuits de la récompense », développe le docteur Georgescu.

 

L’aboulie peut aussi être rencontrée dans certaines pathologies neurologiques, par exemple dans les formes graves de démence ou dans certaines lésions cérébrales post-traumatiques.

 

Les addictions génèrent souvent un syndrome aboulique-amotivationnel par les perturbations des circuits de récompense cités antérieurement.

La consommation régulière et sur le long terme du cannabis entraîne – au-delà des lésions neuronales irréversibles - un syndrome amotivationnel. Il se compose de trois symptômes (les trois A) - l aboulie (perte de la volonté), l apathie (manque d envie et d’intérêt pour les différents aspects de la vie) et l'apragmatisme (incapacité à planifier, organiser et effectuer des actions concrètes)”. Cependant, ces effets peuvent diminuer, voire disparaître dans certains cas, dès l’arrêt total de la consommation de cannabis.

 

Qui pose le diagnostic de l’aboulie ?

 

D’abord, c’est le patient qui vit douloureusement son incapacité à mobiliser sa volonté, malgré la persistance d’un désir d’agir, ou son entourage proche qui constate des changements dans le comportement habituel de la personne.

En cas de suspicion d’une aboulie / hypoboulie, le médecin généraliste peut orienter son patient vers un psychiatre ou un psychologue pour une évaluation psychologique et établissement d’un diagnostic voire d’un diagnostic différentiel. “Il faut être prudent sur le diagnostic de l aboulie, car on le confond souvent avec l apathie, la procrastination et l apragmatisme” précise le docteur Georgescu.

L’anamnèse minutieuse du spécialiste pourra déterminer la cause du symptôme, et ainsi déterminer l’attitude thérapeutique la plus adaptée pour soigner le trouble et les symptômes associés.

 

Quels sont les traitements pour soigner l’aboulie ?

 

“La stratégie de la prise en charge doit être globale. Si l’aboulie est symptomatique d’une dépression ou d’un autre trouble psychiatrique, une prise en charge médicale est nécessaire avec la possibilité de prescrire des antidépresseurs. L’approche globale psychothérapeutique / hygiène de vie viendra complémenter l’approche médicale.

 

L’approche globale consiste dans la mise en place d’un programme complexe et complet de stratégies motivationnelles : techniques cognitivocomportementale, techniques de psychologie positive, activités sportives graduelles, adaptées, avec l’aide d’un coach sportif spécialisé,

 

Le respect d’une hygiène de vie fait partie des piliers centraux du traitement.

 

L’activité SPORTIVE en est déterminante – graduelle, régulière et ensuite soutenue, c’est la méthode la plus naturelle et efficace qui va permettre au cerveau de réapprendre à produire des endorphines et de la Dopamine, les neuromédiateurs indispensables à retrouver sa motivation et – peut-être sans exagérer – sa personnalité.

La Dopamine étant le neurotransmetteur directement impliqué dans l’apparition des altérations de la volonté, et dans la récupération de cette fonction vitale à un fonctionnement de qualité, la chrononutrition peut contribuer de manière significative à en stimuler la production.

 

 

La chrononutrition est un mode d’alimentation adapté à l’horologe biologique de l’individu et consiste à s'approprier une alimentation équilibrée en choisissant des aliments qui respectent les rythmes naturels de libération physiologique des neuromédiateurs dans l’organisme.

 

Ainsi, le petit-déjeuner doit consister essentiellement dans des aliments protéinés (œuf, fromage blanc, viande, champignons), qui sont source de Dopamine et qui vont booster votre énergie et vous permettront de vous sentir motivés pendant toute la matinée, vous évitant les creux énergétiques en milieu de matinée.

À midi, une portion de protéines, une de féculents et une de légumes verts constituent à la fois un repas suffisamment léger et nourrissant pour éviter la fatigue postprandiale et assurer l’énergie suffisante jusqu’au soir. Pour le goûter de 16h, des noix et un morceau de chocolat noir sont parfaits pour permettre la libération vespérale de la mélatonine et de la sérotonine

 

qui ont des vertus apaisantes et facilitatrices du sommeil.

Le soir, déjà nourri par l’alimentation saine et riche en macro- et micronutriments de la journée, vous pourrez adopter un repas léger qui vous permettra d avoir un endormissement facile et un sommeil réparateur ».

 

En neuronutrition, on recommande en complément des stratégies de traitement déjà mentionnés, un boost énergétique global par des compléments alimentaires qui sont des cofacteurs dans la synthèse des neuromédiateurs et qui vont donc agir au niveau de la cause profonde de ce symptôme dans une cure de deux-trois mois, à répéter si besoin (souvent dans les périodes de changement de saison – printemps / automne).

Il s’agir de vitamines (D, E, B, C), des oligoéléments (Zinc, Sélénium), des antioxydants.

 

Un traitement par L-tyrosine (le précurseur naturel de la Dopamine) en quantité de 2 grammes le matin en cure de deux mois (et en complément de l’alimentation protéinée) peut grandement aider à augmenter l’efficacité des mesures globales mentionnées et à faciliter l’atténuation du symptôme, permettant ainsi à la personne souffrante de reprendre confiance en elle-même, dans les soins et dans son devenir.

 

 

 

 

 

 

 

Dr Simona GEORGESCU

Psychiatre Psychothérapeute  Neuronutrition

 

 

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